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COURSES D’ENDURANCE ET TROUBLES DIGESTIFS
Les chiffres sont très différents d’une enquête à l’autre, mais il semblerait qu’environ 20 à 40% des participants d’un marathon soient pris de troubles digestifs. Ils sont à l’origine de la moitié des abandons.
Ces troubles touchent tous les athlètes quelque soit leur niveau, mais semblent moins fréquents chez les plus entraînés.
Voici ce que disait derek Clayton après avoir battu le record du monde du marathon en 1969 (2h8’34’’) : « Deux heures plus tard, l’exaltation avait disparu. J’urinais des caillots de sang, je vomissais des mucosités noirâtres et j’avais une abondante diarrhée de couleur noire. Je ne pense pas que beaucoup de gens peuvent comprendre ce que j’ai enduré pendant les quarante-huit heures suivantes »
Ces troubles digestifs peuvent être séparés selon leur symptomatologie en troubles du bas appareil digestif à type de diarrhées, douleurs intestinales et en troubles du haut appareil digestif composés de douleurs s’estomac de reflux gastro-oesophagien et de vomissements..
Quels sont les symptômes ?
Les manifestations les plus banales sont les nausées et les douleurs abdominales à type de coliques (crampes intestinales) ; à un stade au dessus apparaissent les vomissements et les diarrhées puis enfin de fréquence beaucoup plus rares et graves, de véritables hémorragies digestives ou colites ischémiques dues à un défaut de vascularisation de l’intestin donnant des infarctus ou nécrose de celui-ci et pouvant justifier d’une intervention chirurgicale.
Il y a une hospitalisation pour mille cas de trouble digestif.
De véritables ulcères digestifs on été mis en évidence par fibroscopie et peuvent aussi être à l’origine des anémies observées chez le coureur à pied.
De même, la recherche positive de sang dans les selles après un marathon par des tests biologiques sensibles est quasi constante et est le témoin de la souffrance du tube digestif lors des efforts intenses mais reste sans gravité dans l’immense majorité des cas.
Pourquoi ces troubles ?
Faisons un peu de physiologie à l’effort pour bien comprendre les modifications que l’effort produit au niveau du tube digestif.
Lors de l’effort, l’oxygène transporté par nos globules rouges va se diriger préférentiellement vers les muscles actifs pour subvenir à leurs besoins par deux mécanismes :
- Augmentation du débit sanguin, (quantité de sang éjecté par le cœur en litre par minute), par augmentation de la fréquence cardiaque entre autre. Ce débit qui est 5 litres par minutes environ au repos, va passer à 25 l/mn jusqu’à 40 l/mn pour certains athlètes de haut niveau.
- Redistribution du sang à l’effort des organes inactifs vers les organes actifs (les muscles). Au repos les muscles ne reçoivent que 15 % du débit cardiaque, le reste étant dirigé vers les viscères (tube digestif, foie, rate, reins), le cœur et le cerveau. Lors de l’exercice maximal, les muscles vont recevoir jusqu’à 90% du débit cardiaque, le cœur et le cerveau ont eux des débits maintenus pour un bon fonctionnement alors que les viscères vont voir leur débit sanguin diminuer jusqu’à 80% dans certain cas par rapport à leur valeur de base.
La réduction du débit sanguin intestinal est aggravé par la déshydratation et persiste à l’arrêt de l’effort environ 1 heure. La déshydratation est donc un facteur favorisant la survenus des troubles digestifs à l’effort.
A ces troubles de la vascularisation s’ajoutent les effets des microtraumatismes sur les viscères abdominaux. En effet, en course à pied, les appuis au sol provoquent des vibrations qui se transmettent à tout le corps dont le système digestif, ce qui explique que la fréquence de ces troubles est nettement moins élevée dans des activités d’endurance où les contraintes mécaniques sont moins importantes tel que la natation le vélo ou le ski de fond
Certains médicaments comme les anti-inflammatoire ou l’aspirine qui sont souvent pris par les sportifs pour soulager les tendinites ou atténuer les courbatures peuvent déclancher ou aggraver une pathologie au niveau de l’estomac.
Le manque d'entraînement. Plus l'exercice est intense et effectué par un sportif novice plus les troubles digestifs sont nombreux. L'entraînement progressif a donc des effets préventifs sur la survenue des troubles digestifs.
L'anxiété, la peur de l’épreuve (premier semi ou marathon) ou la tension lors de l’attente précédant la course provoquent des diarrhées qualifiées "d'émotives".
L’alimentation précédant la course a aussi une grande influence sur les troubles digestifs.
On peut noter aussi que ces troubles sont plus fréquents chez les femmes et les jeunes coureurs.
Le reflux et l'effort :
Le reflux est un retour de substances acides provenant de l’estomac dans le fond de la gorge (œsophage), cela se traduit par la sensation d’avoir dans la gorge un produit infect proche du vomi.
Ce phénomène peut apparaître après un repas copieux, une position allongée après avoir manger, le port d’une ceinture trop serré ou encore à l’effort ; plus l'intensité de l'effort sera élevée, plus le reflux sera important.
Ce phénomène est accentué par la diminution de la quantité de salive déglutie pendant l'effort. En effet, la salive joue un rôle de tamponnement de l'acidité provenant de l'estomac.
L’absorption d’air par l’augmentation de la ventilation à l’effort augmente le contenu gazeux du tractus digestif supérieur, ce phénomène semble particulièrement impliqué dans le mécanisme du reflux gastro-oesophagien ; il faudra alors apprendre à bien gérer sa ventilation lors de la course à pied.
Que faire en course ?
En cas de diarrhée, il est raisonnable d’abandonner sur un marathon afin d’éviter une déshydratation importante et d’aggraver ses troubles digestifs.
Pour les mêmes raisons, l’apparition de vomissement conduira aussi à l’arrêt de la course.
S’hydrater régulièrement en petite quantité afin de ne trop charger l’estomac qui travaille au ralenti. Ces boisons ne doivent pas être trop concentrées afin d’être bien absorbées.
Il faudra éviter les aliments solides.
Comment les prévenir ?
Il faut avoir conscience qu’au cours de la course à pied, le système digestif fonctionne au ralenti et vas être mis à rude épreuve, il faut donc le ménager.
Le dernier repas sera pris au moins 4 heures avant l’épreuve, et il ne sera pas trop gras. Eviter les boissons froides et très sucrées : la consommation de liquide dont la teneur en sucres est très élevée peut provoquer des diarrhées. De même, le froid est particulièrement agressif pour la muqueuse intestinale et difficile à absorber pour l'organisme.
On prendra 400 cc d’une boisson avant l’épreuve et de petites quantités à chaque ravitaillement pendant la course. Ne pas boire de boissons trop froides et trop sucrées.
Un bon entraînement permet de limiter les variations du débit sanguin au cours de l’épreuve et d’en limiter les effets secondaires.
Les troubles sont aussi corrélés aux conditions atmosphériques, ils sont plus fréquents lorsque la température est au dessus de 20°. Penser à ne pas trop se couvrir.
Bien entendu « no stress », restez calme avant la course.
Si les problèmes intestinaux persistent malgré tout votre médecin pourra vous prescrire un pansement intestinal.